Comme chaque année le festival d' Athènes constitue pour la société grecque et ses citoyens des codes culturels sui generis leur permettant, sous forme de systèmes conceptuels, de confirmer la médiation entre nature et culture.
Cette médiation entre nature et culture devient très claire dans la pièce Tout va bien d' Alain Buffard, qui a été présentée par 8 danseurs dans le cadre du festival. Choix vraiment exceptionnel pour sa direction, car ce projet de pièce chorégraphique aborde les questions de l'assujettissement, du conditionnement, de l'aliénation et de l'émancipation d’ un aspect hybride. Donc, on a la possibilité de parcourir l' histoire de notre identité sans frontières en reconnaissant et surpassant les stéréotypes développés par la société du spectacle qui provoquent du malaise dans la vie contemporaine.
Logiquement parlant, ces stéréotypes manifestent les effets néfastes de la culture occidentale qui a créé un langage de la solitude individuelle, selon lequel on est tous de plus en plus sous ce ''seuleil'' de la solitude, c' est-à-dire sous un soleil sans lumière.
Nigger, nazi, rifle, kathiki: ces mots parlent de l' autre. L' autre qui supprime, l' autre supprimé. En effet, comme il est déjà cité par Jacob Rogozinski, dans son livre Le moi et la chair- Introduction à l' ego-analyse, éditions du Cerf, Paris 2006- "loin d' être un continuum, une masse compacte et sans faille, le champ d' immanence se présente donc comme un terrain stratifié, divisé en plusieurs couches qui se superposent. Mais chacune de ses strates appartient à l' immanence, manifeste à sa manière la présence vivante du moi à lui-même: en chacune d' elles, ce qui donne coïncide avec ce qui est donné”.
Dans la pièce Tout va bien d' Alain Buffard le travail en équipe nous fait voir seulement un corps étranger. Il y a une chair, la chair primordiale qui en conte des belles. Mais de l' autre côté, cette histoire scandaleuse, cette Histoire de l' œil a besoin de tous les caractères afin qu' elle puisse se dérouler dans l' esprit. Alain Buffard sait comment profiter de sa conception chorégraphique pour mener les danseurs à se collaborer et nous présenter ce jeu conceptuel découvert par un artiste qui veut montrer que la vie sauvage est la vie sociale. C' est la vie où les masques tombent, certes, à propos des noms.
La langue contre toute espérance, le "seuleil" du langage contre l' autre, c' est ce que le titre ironique Tout va bien pose en question en nous faisant voyager entre nos sentiments divers, de la condition chaude à la condition froide, avec la musique intelligemment et efficacement sélectionnée. Vraiment quelque chose pour porter en nous sa signature...
Tout va bien, 29/06/2012 festival d' Athènes
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